Dieu se tait. Le diable murmure. Ҩ Les mots ont un poids bien plus important qu'on ne le pense cependant, ils ont leurs limites. Il n'est en effet pas possible de pouvoir exprimer précisément certaines notions complexes. Le psyché de Kyuusei est une de ces notions. Tu n'as rien eu à quoi te raccrocher dès ton plus jeune âge. Telle une goutte d'eau, tu fus rejeté par ta mère puis, guidé par ton atmosphère. Cet environnement t'as profondément marqué. D'un garçon destiné à être discret et effacé, tu es devenu instable. Quoi qu'instable serait un euphémisme, tu es tant fragile et versatile que tu en es presque bipolaire.

Tu n'es pas foncièrement mauvais. Non, bien au contraire. Tu as simplement subi bien plus que les autres le vice de la nature humaine. Tes critères de jugement concernant le bien et le mal sont des notions plutôt vagues pour toi. Mais après tout qu'importe, une personne possédant ton ambition n'a pas à s'inquiéter de telles sornettes, ne dit-on pas que les vainqueurs sont ceux qui écrivent l'Histoire. C'est celle-là qui est rédigée dans nos livres d'école, pas la vraie Histoire telle qu'elle s'est déroulée.

Espiègle. Victime du syndrome de Peter Pan, tu as beau avoir conscience du monde cruel qui t'entoure, tu ne peux t'empêcher de jouer avec lui. De t'en amuser. Tout est sujet au jeu. Ce côté malicieux de ton caractère n'est pas bien gênant du moment qu'il ne se mêle pas à ta part vicieuse. Leur union n'est pas des plus amusante pour ta victime. Plus taquin que moqueur, tu t'amuses des mots. Ils ne sont pas qu'un moyen de communication. Tu as très rapidement compris que savoir s'exprimer correctement représentait le pouvoir. La voix est une arme bien souvent négligée et ça tu l'as bien assimilé.

Tant fantasque que rêveur, il t'arrive de t'égarer de longues heures durant dans une solitude uniquement troublée par ton amie. De grands yeux rêveur, lorsque l'astre stellaire fait place à l'astre lunaire, tu as les yeux dans les étoiles. Comme si.. Comme s'ils y cherchaient un bonheur auquel tu n'as jamais vraiment eu droit.

Le langage des poings est la seule forme de langage qu'on t'a enseigné durant ton enfance. Ce traitement a laissé de nombreuses séquelles. Tu n'arrives pas à être rationnel vis-à-vis de tes sentiments. Tu es un petit con en somme, un nerveux se sentant constamment acculé. Seul contre le monde, tu n'as pas trouvé d'autre réponse que l’agressivité. Ton côté belliqueux n'est en réalité qu'un moyen de protection que tu as mis en place. Tu mens au monde et à toi-même sur ton côté colérique. Heureusement que ton amie est là. Elle seule te comprends. Elle seule ne t'a jamais abandonné.

Qui peut bien être cette amie qui en sait tant sur un être aussi complexe et secret que toi ? Comment peut-elle comprendre ce que tu ressens alors que toi-même tu n'y comprends rien ? Comment peut-elle être toujours là pour toi sans jamais faillir à la tâche ? Comment peut-elle te susurrer sans relâche ses doux conseils ? Tu n'en sais rien. De ce que j'en ai compris, le commun des mortels nommerait ton amie, Folie.

Je sais que je suis pire qu'une bête, pourtant, moi aussi, j'ai le droit de vivre. Ҩ Ta naissance ne fut pas la plus heureuse qui soit, tu sais ? Fruit d'une relation purement charnelle entre deux être n'ayant jamais dû se rencontrer, je pense que le terme exprimant le plus clairement cet état de fait serait " bâtard ". Abandonné par ce père indigne dont tu ne sais rien, ta mère dû faire un choix. Te briser le cou et être débarrassé de ce fardeau qu'elle n'avait pas désiré ou bien se servir de toi. J'imagine que tu sais sur quelle option c'est porté son choix. Gagné. Tu devins une marchandise aux yeux de ta mère. Un objet qu'elle n'eut aucun scrupule à vendre. Qui a dit qu'une mère est forcément aimante envers le rejeton qu'elle a porté neufs mois en son sein. Un père absent et une mère ne voyant en toi qu'un aspect pécuniaire. Quelle belle famille tu as là.

Deux mois de loyer. Voilà ce que valait ta vie aux yeux de ta génitrice. Le trafic d'être humain bien que rare dans notre société "civilisée" perdure pour assouvir les vices de certains riches désabusés. D'une certaine façon, ta mère t'as donné la chance de vivre cependant, était-ce vraiment vivre ? N'aurait-il pas mieux valut mourir dignement avant même de comprendre la cruauté du monde ? À peine mieux traité qu'un animal, dès que tu fus capable de te débrouiller seul, on te parqua avec d'autres gamins de ton âge venant des quatre coins du monde. Qu'est-ce que vous foutiez là ? Tu n'as jamais réellement compris. D'ailleurs, tu n'as jamais réellement rien compris. On n'a jamais pris le temps de t'expliquer quoi que ce soit.

Vers tes onze ans, tu compris en partie ce qui se tramait ici ; pourquoi on vous a enfermé jours et nuits dans cette sombre demeure. Un jour parmi tant d'autres, un homme vint te prendre par le bras et te traîna hors de ce monde d'obscurité. La lumière du soleil te brûlait les yeux, tu ne te souvenais même pas de ce qu'étais le ciel. Le temps de te remettre du choc initial la beauté du monde extérieur te coupa le souffle. Comment un tel paradis pouvait exister alors que tu errais dans les ténèbres depuis ton jeune âge. Saviez-vous que l'être humain est un animal social ? On t'a privé de ces relations sociales justement, tu n'es donc ni plus, ni moins qu'un animal agissant par instinct. Tu fus à nouveau privé de ces rayons aveuglants. On t'enfermait dans un monstre sombre. Ils semblaient appeler cela un "tonneau". Tu ne savais pas ce qu'on voulait de toi, tu te sentais comme un animal qu'on conduisait à l'abattoir. Ce qui en quelques sortes était le cas ..

« Ces chiens sont tellement divertissants. Regardez les se battre pour survivre. Admirez le désespoir. Faites vos jeux. » Tu ne comprenais pas le sens des paroles qu'un homme venait de prononcer et à vrai dire, tu n'en avais rien à faire. Tout ce que tu souhaitais à ce moment-là, quitter cette ambiance oppressante. Pourquoi cet homme te fixe-t-il ? Il est rachitique, lui ressembles-tu ? Pourquoi t'avait-on jeté dans cette pièce ? Tu scrutais le moindre de ses mouvements sentant une tension incompréhensible monter en toi. « Une bête flaire toujours le danger, regardez comme ils s'observent. Je ne sais pas si on peut encore les qualifier d'humains. » Tu faisais abstraction des bruits extérieurs pour se concentrer uniquement sur le jeune homme vêtu de guenilles se tenant face à toi. Tes poils s'hérissaient .. La proie ressentait naturellement de la peur face au prédateur .. Tu ne vis pas venir le premier coup. Un poing famélique vint s'écraser durement contre ton visage. Sonné, tu tombais hébété au sol. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, son talon vint s'enfoncer lourdement au milieu de ton torse te coupant la respiration. Il en profita alors pour s'asseoir sur toi et commença à te ruer de coup. Était-ce comme ça que tu allais finir ? Allais-tu mourir comme un chien sans jamais avoir vécu ? N'allais-tu jamais voir la beauté de ce monde ? Non. Tu voulais vivre. Voir même qu'importe, juste survivre ferait l'affaire. C'était plus la peur que son poids qui te clouait au sol. Lorsque les diverses réactions chimiques provoquées dans ton corps par l'excitation firent taire la peur, tu te relevais le poussant sans ménagement. S'engagea alors une lutte pour la survie. Tes coups étaient brouillons et ne ressemblaient pas à grand-chose cependant, les siens n'avaient qu'un impact relatif. La rixe s'éternisa et au final, tu fus le dernier debout bien que tes jambes flageolaient, tu avais gagné le droit de survivre pour un temps.. Combien de temps ?

Commença alors cette vie ponctuée par cette lutte perpétuelle pour avoir le droit de rester en vie. Peu à peu, comme l'a mis en évidence Ivan Pavlov, ton corps commença à accumuler des réflexes conditionnés. Après quelques années, tu n'avais même plus besoin de réfléchir, ton corps suivait le rythme de cette valse monstrueuse à laquelle on te conviait bien trop souvent. Et alors, tu dansais. Tu dansais jusqu'à ce que ton partenaire ne puisse plus suivre. Tu commenças alors à prendre du plaisir en ces danses. Sentir la douleur de tes poings s'écrasant  contre les corps d'une autre bête comme toi te procurait un plaisir.. Jouissif.

You only get one shot, do not miss your chance to blow. This opportunity comes once in a lifetime, yo. Dieu a alors eu pitié de cet être ayant eu une existence misérable. Dans son immense bonté, il lui fit un don. Il l'adopta comme un de ses fils. Il lui fit don de divers pouvoirs. Toutefois son plus beau cadeau fut de t'offrir une résurrection. Un homme teinté d'un merveilleux rouge vermillon se tenait devant toi. L'odeur  du sang t'agressait le nez et pourtant, en un sens, elle t'exaltait.  Le bon sens aurait voulu que tu t'éloignes de cet homme cependant, il n'en fut rien. Bien au contraire, tu t'agrippais à lui. Ne viens-tu pas de vendre ton âme au diable ?

On venait d'arracher les pages souillées d'un livre pour en écrire un nouveau, un meilleur. Tu allais être enfin maître de ton destin. Tu n'avais pas réellement saisi ce qui t'étais arrivé lorsque l'homme t'avait emmené, tu ne pouvais que constater. Tu avais un monde de lumière s'étendant devant toi, cette douce lumière coulant sur ton corps, tu t'en imprégnais. Un rire dément t'agitait. Ton premier rire.

I'm not afraid. Toute peur avait quitté ton cœur, seul un sentiment de béatitude subsistait. Ça n'était pas désagréable comme sensation. Quelques larmes perlèrent le long de tes joues. Tu ne comprenais pas ce que tu ressentais. D'ailleurs, tu ne comprenais pas ce que la simple idée d'avoir des sentiments pouvait être. Toute ta pitoyable existence, tu n'avais pas vécu, mais survécut. Personne n'avait jamais consacré ne serait-ce qu'un instant pour s'occuper de toi. Personne jusqu'à aujourd'hui. C'est là qu'il t'avait trouvé cet homme qui représente à présent pour toi ce qui se rapprocherait le plus d'un père ou d'un frère. D'ailleurs, il n'était pas tout à fait un homme, mais autre chose. Une abomination tout comme toi. Non. Vous n'êtes pas des monstres. Vous êtes simplement différents. Ni meilleurs, ni moins bon. 

Work hard. Play hard. Pourquoi il t'avait plus ou moins pris sous son aile ? Tu n'en sais rien. Vous n'en aviez jamais réellement parlé. Tu étais dans le besoin, sans rien, ni personne. Il avait la possibilité de t'aider. Une sorte de pacte, un serment silencieux avait été scellé entre vous deux. Alors même que tu ne savais articuler que quelques mots dont tu ne comprenais pas réellement la signification, vous vous étiez compris mutuellement. Vous alliez vous soutenir l'un l'autre. Bien qu'honnêtement cet accord c'est révélé plus à sens unique qu'autre chose. La société a alors peu à peu pris conscience de ton existence et a commencé à partager son savoir avec toi. T'acceptant peu à peu en son sein.

You can do anything you set your mind to, man. Tu n'as rien réalisé de notable depuis tout ce temps si ce n'est des changements radicaux jusqu'au plus profond de ton être. Ton corps et ton esprit ont changé rapidement si bien que tu te révèles plutôt instable mentalement ces derniers temps. Plus notable encore, tu es obsédé par une chose. Un concept. Une idée folle ayant germé en ton esprit ayant grandi trop rapidement. Le monde t'a volé ton enfance. Tu désirais lui voler ta mort. T'affranchir des limites mortels de ton corps t'hantais. Tu as le talent nécessaire pour devenir un roi pourtant, tu es persuadé que tu pourrais devenir toi-même un dieu ... 

Ton acharnement à t'élever, te détacher de l'humain en toi, t'avais permis de survivre ces dernières années cependant, tu es là. Las d'être seul. Las de devoir mentir et trahir pour survivre. Las de ne pouvoir te reposer plus de quelques jours en un même lieu. Tu t'es fais une certaine réputation et je dois t'avouer qu'elle n'est pas vraiment glorifiante. Tes crimes t'ont d'or et déjà offert un ticket express vers l'enfer à ta mort, tu m'étonnes que tu te débattes pour ne pas laisser s'échapper la dernière parcelle de vie en toi. Je t'ai toujours prodigué des conseils avisés, écoute moi une fois de plus, ton objectif à court terme est malsain. Rejoindre Kiri. Quelle folie. Cela ne fera qu'affaiblir ton talent. Penses-tu qu'uniquement parce que tu maîtrises la glace tu te dois de retourner vers ce qui fut certainement le lieu où vécurent tes parents. Si seulement tu n'avais pas rencontré cet homme t'ayant expliqué qu'un clan maîtrisait autrefois des pouvoirs similaires aux tiens. Tous les bâtards sont-ils autant acharnés à découvrir la vérité sur leurs parents. Ils ne voulaient pas de toi. C'est tout. Moi, je ne t'ai jamais laissé, je suis toujours présente dans un recoin de ton esprit. Mon nom ? Démence.

Les modalités d'examen ce seraient-elles assouplies ? Certainement cependant, tu ne dois pas négliger le fait que tes diverses promotions sont dues à ton talent et uniquement à ce dernier. Bien que tu aies d'importantes lacunes dans les divers arts Shinobi, ton génie concernant l'utilisation de la glace sous toutes ses formes avait subjugué tes différents examinateurs les convaincants de t'accorder successivement le rang de Chûnin puis, de Jûnin.