Une légère brise s’engouffrait dans mes cheveux à la couleur inhabituelle. Un large sourire étirait mes lèvres alors que j’avais le regard vers l’horizon, les mains sur les hanches et une furieuse envie de me défouler. Avec impatience, j’attendais mon adversaire qui était aussi un de mes plus fidèles amis : Yoshi. J’avais quelques minutes d’avance, comme à notre habitude. Nous allions faire un combat amical pour l’entraîner au combat à distance qu’il affectionne tant et pour m’entraîner à… devenir plus forte ? Oui –même si bon, je suis déjà ultra forte quoi–. Le terrain était prêt, du sable à perte de vue, à l’arrière du village, le vent soufflant faisant voler les grains de poussières. Nous étions dans de vraies conditions, idéales pour s’entraîner. Enfin, le jeune homme se pointait, au loin, je voyais sa chevelure rouge et son arc à l’épaule. Je lui adressais un signe de main même s’il devait déjà m’avoir remarqué. Bien vite, il prit place, se mettant dans la zone qui était la sienne. Cette fois, ce n’était pas un combat basique mais, un entraînement spécifique : Yoshi resterait dans sa zone, n’ayant pas le droit de bouger, il me viserait avec des flèches ornées d’un sac de sable –pour ne pas blesser–, chaque point vital touché, il marque un point. Mon but, l’atteindre en prenant le moins de flèche possible. Si je l’approche, le touche, alors je gagne. Un jeu d’enfant ! Du moins, aux premiers abords. Oscillant d’une jambe à l’autre, j’étais surexcitée, le fixant pendant qu’il se met en place. Le vent se levait, un avantage certain contre un archer.

"Prêt mon petit Yoshi ? Car je vais gagner."

Lorsqu’il sortit la première flèche de son carquois, j’entamais mon premier pas, m’élançant en sa direction avec un air déterminé. Vaguement, je repensais à notre jeunesse à l’académie. La première fois que j’avais vu ce petit garçon fragile à la chevelure rouge. La première flèche me fonçait dessus me sortant de ma torpeur, je n’eus pas le temps de l’esquiver, elle heurtait mon front, m’arrachant un grognement sourd. Bien vite, elle échoua au sol, je reculais d’un bon en arrière. Finalement, ce n’était pas aussi facile que prévu. Mes doigts effleuraient mon front, aucune bosse rien, juste une irritation un peu douloureuse. Un regard plein de défi, je fixais mon adversaire, souriant à nouveau, dévoilant mes dents blanches. Il avait pris de l’expérience, grandi, on pouvait le lire dans son regard. Seulement, je n’allais pas abandonner, je gagnerais.

"Dans mes souvenirs c'était moi qui mordait la poussière, mais ne t'inquiète pas on s'habitue assez vite au goût du sable"

En pleine réflexion, j’avais les yeux rivés au sol. Sans aucune réelle défense mais, j’étais plutôt rapide à agir de toute manière. Un claquement se fit entendre, j’émergeais de ma torpeur. Une flèche fendit l’air mais échoua à un bon mètre de moi. Un sourire amusé au visage, je levais les yeux vers mon adversaire. Le pauvre c’était carrément planté. Seulement, peut-être pas en réalité, il tira une nouvelle flèche à une vitesse incroyable. Je n’eus presque pas le temps de la voir partir. Une boule d’angoisse se logeait au fond de mon être, mon cœur s’emballait pour battre à la chamade, cognant contre ma poitrine. Où avait-il tiré ?! D’un coup, je sentis une petite douleur dans ma jambe, je perdis rapidement l’équilibre avant de m’étaler de tout mon long au sol, faisant virevolter les grains de sables autour de moi. J’en avalais partiellement, m’étouffant à moitié. Avant de me relever, sur les genoux d’abord puis debout. Je crachais mes poumons, me raclant la gorge pour faire sortir ses foutus particules de rocher. Il y a des fois où je regrette cet environnement.  

"Bien joué."

Une légère lueur de colère se lisait dans mes yeux alors que je le fixais. Il avait réussi à me foutre par terre en quelques minutes d’entraînement, c’était inacceptable de ma part, il fallait que je me ressaisisse. Il avait deux points d’avance le saligaud.  Un léger essoufflement était même perceptible. Les dents serrées, je réfléchissais. Il était plus rapide, plus rusée, compter sur la force conduit à la défaite dans ce genre de situation. Parfois, il faut faire appel à l’intelligence. À nouveau, une pluie de flèches de prit pour cible, j’esquivais chacune d’entre elle, esquissant un pas à gauche, puis à droite, sautant. Petit à petit, ma respiration se saccadait, mon cœur accélérait, il allait finir par me fatiguer ce garçon. Sans plus attendre, je sortis un kunai de ma poche, m’en servant pour dévier certaines flèches un peu trop inquisitrices. Une idée lumineuse, germait alors dans mon esprit pour enfin gagner, remporter ma victoire, prouver une énième fois ma supériorité. À cette pensée, un petit sourire discret s’esquissait sur mon visage, dévoilant mon côté un peu vicieux.  Au fur et à mesure que je déviais ou bloquais des flèches, la distance entre nous se réduisait. Finalement, je me retrouvais à un mètre de lui quand il me visa de nouveau, son arme à la hauteur de mon visage. Avec une rapidité étonnante, je lançais le kunai vers lui, sans réellement le visé. En quelques secondes, je sors deux shurikens que je propulsais aussi à quelques centimètres de mon adversaire. Heureusement, je maîtrisais cet art depuis longtemps. Durant la seconde d’inattention créée par la diversion des armes, j’utilisai une technique de substitution. Sa flèche braquée partit en ma direction. À peine heurte-t-elle ce qui est censée être moi, qu’un rondin de bois me remplace. Malheureusement, je ne peux lire la surprise sur le visage de Yoshi, me retrouvant maintenant dans son dos.

"Je suis là."

Un sourire victorieux orne mon visage. J’ai gagné ! Malgré mes quelques erreurs initiales, je m’en suis sortis à merveille. Il a perdu avec trois points, dommage pour lui. Comme à mon habitude, après une victoire, je me mis à sautiller sur place en levant fièrement les bras en l’air. Fin de l’entraînement, nouvelle victoire. Zuko 666 – Yoshi 0 !