Haiko est une fille qui se livre difficilement. Si je la connais aussi bien ce n'est pas parce que je suis son confident, mais plutôt parce que j'ai passé du temps comme beaucoup d'autres à l'observer. Ce qui m'a tout de suite sauté aux yeux en la voyant est sa volonté d'aider, sa bienveillance, son habitude à être souriante envers les autres et ce tant qu'elle les sent apte à détruire. Sa philosophie de vie, son nindô, je crois que dans son esprit il résonne comme ça :
Je suis capable d'anéantir mais je préfère pousser les gens à le faire, les aider à accomplir ce que moi je désire.
Elle est sous l'emprise d'une folie pathologique, capable de tout pour parvenir à ses fins mais le fait toujours de manière réfléchie. Je sais qu'elle ne va pas tuer n'importe qui dans un lieu public, tout ce qu'elle entreprend ou demande d'effectuer est minutieusement calculé pour qu'elle ne se fasse pas prendre. Elle pense à tout, vérifie que le monde qui l'entoure va dans son sens et dans son intérêt personnel. En plus de cela, Haiko est une fille paranoïaque. Vous comprendrez plus tard pourquoi, pourquoi est-ce qu'elle voit ne serait-ce qu'un regard ou un geste étranger comme une menace envers sa propre vie ou son avenir. Elle se sent constamment visée, par un rire, par un bruit ou un propos innocent, même par ses amis. Je me souviens qu'une fois elle a mal pris le fait que je lui déclare mon envie d'aller faire un tour dehors, pensant que j'allais comploter contre elle. Haiko est tout de même un ninja compétent. Elle sait en partie mettre ses défauts et sa schizophrénie de côté pour réussir ses missions et accomplir son devoir au mieux, celui de médecin. Mais pourquoi cette voie? Qu'est-ce qui a poussé Haiko à se focaliser sur cette spécialité? Peut-être en saurons-nous plus tout à l'heure. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'elle veille sur le champ de bataille à ce que tous ses coéquipiers soient en forme, qu'aucuns ne soient en danger et n'hésite pas à se mettre en mauvaise situation pour aider un kirijin blessé. Cet aspect sombre d'Haiko, il n'est pas vraiment visible. Évidemment que si l'on passe du temps avec elle, si on l'écoute attentivement on peut déceler certains traits de sa personnalité terrifiante mais en dehors de ça elle joue très bien. Elle sait cacher sa folie, elle sait feindre d'être ce qu'elle n'est pas. Les gens la voient comme une fille timide qui s'est retranchée dans le métier de soigneuse par peur d'aller au combat, ils pensent qu'elle n'est pas sûre d'elle et qu'elle manque de charisme. J'espère pour eux qu'ils ne se mettront pas en travers de son chemin.. Avec de la chance, ils seront importants pour le village et dans ce cas Haiko ne les touchera pas. Il est vrai qu'elle est folle, mais aussi dingue soit-elle elle reste fidèle à son État qui lui apporte tout et espère un jour monter en grade. Le poste de Mizukage ne l’intéresse pas, elle préférait être chef d'une escouade qui lui est propre, peut-être en fera-t-elle la demande.   

De tous temps les pouvoirs les plus rares, les plus mystérieux et les plus puissants ont été convoités. Depuis toujours les Hommes voulurent dompter leurs semblables à l'aide de diverses techniques, de moyens toujours plus tordus et efficaces. Parfois la chance sourit aux machiavéliques qui naissent avec des talents particuliers, parfois il arrive qu'ils soient comme les autres et forcés de se servir là où les qualités sont plus nombreuses. Dans le second cas, plusieurs choix s'offrent à eux. Ils peuvent user de démagogie et cueillir l'esprit de leur proie pour les rallier à leur cause, ou bien les terrifier et les forcer à agir sous la menace et la torture. Mon histoire évoque cette horreur, ce mal que j'ai ressenti tout le long de mon enfance. Elle parle de ce que j'ai voulu combattre tout au long de mon adolescence, elle parle de ce en quoi je suis passé maître aujourd'hui.



Il y a vingt-trois ans maintenant naquit au village cachée de la brume une certaine Haiko de la famille Koyuki. Ni enfant de clan prestigieux ni vagabond insolent, Haiko a su se montrer comme une enfant respectable au sein de ses proches, une élève travailleuse qui brillait par ses performances notamment en ninjutsu. Ses parents étaient très fiers d'elle et la voilà poussée à devenir un excellent ninja qui surpassera bon nombre de ses camarades. Ses parents étaient issus d'un milieu populaire assez pauvre où il faisait bon vivre malgré tout, dans une minuscule maison vide, où le strict minimum côtoyait la simplicité de ses résidents. Voir leur enfant réussir dans le milieu shinobi était un bonheur incommensurable. Non seulement parce qu'ils étaient heureux de voir leur fille percer et vivre correctement, mais aussi parce qu'ils savaient pertinemment que si elle devenait connue par ses faits d'armes, elle rapporterait de quoi manger de la viande chaque jour. Ce sont eux qui la poussaient à aller s'entraîner, à se perfectionner, ils demandaient même à des ninjas du village de s'occuper de Haiko quand elle n'avait pas de leçons, dans l'optique qu'elle ne perde pas un jour de travail potentiel. Ils étaient prêts à payer pour que certains mercenaires apprennent leur savoir, parfois léger, souvent important. Toute son enfance fut ainsi, elle s'entraînait sans cesse. Au début ça ne lui plaisait guère parce qu'elle trouvait qu'elle ne progressait pas assez et qu'elle ne s'amusait pas. Mais elle a très vite compris qu'à Kiri et dans le monde ninja en général l'amusement n'est qu'un plus, que la puissance est maîtresse de tout. Très vite les choses ont changé, rapidement, elle a su se démarquer des autres notamment en développant un art qui était rare : Le Yôton. Cette combinaison d'affinités la rendait presque invincible à son âge, les autres enfants ne pouvaient pas rivaliser à l'entraînement avec une telle puissance. Elle ne le maîtrisait pas, c'est à peine si elle savait le former et le faire apparaître sur le champ de bataille mais c'était suffisant. Lorsque dans le quartier on voyait cette coulée fluorescente, nous savions que c'était elle et pas une autre. Mais qui aurait pu penser que c'est cette lueur d'espoir qui ferait de l'ombre à leur avenir?



Le bruit se répandait rapidement. Les discussions se faisaient plus nombreuses, même les mots s'intensifiaient. Je me souviens que de "rumeurs" nous sommes passés à "vérités" en un rien de temps. Les gens étaient fiers, mais Haiko n'était pas non plus attendue comme le messie, le peuple du quartier était simplement content de voir que dans l'enceinte de leurs murs à grandit un ninja qui deviendra grand. Simple commérage qui s'est vite estompé, mais pas pour tout le monde.
Oui, certains avaient entendu parler de cette talentueuse jeune fille et s'étaient empressés de vouloir la rencontrer. Ils n'étaient pas nombreux, peut-être six, sept au maximum. La plupart d'entre eux n'étaient que des curieux qui s’intéressaient au pouvoir ninja, passionnés, ils voulaient à tout prix voir ce Yôton. Mais il y en avait deux qui étaient totalement différents, mais cela, personne ne le savait. Deux hommes dont un grand assez mince et un autre plus imposant. Ils répétaient les apparitions aux entraînements de la jeune fille. Ils restaient toujours silencieux mais observaient, admiraient cette lumière orangée qui donnait une impression de puissance.. Un véritable volcan humain capable de tout, faire s'évaporer les plus grands océans et emporter les plus gros rocks.. Impressionnant non? Malheureusement, ce qui devait tout bouleverser arriva, la voilà lors de l'examen chuunin. L'épreuve du combat était surement celle que Haiko préférait. Elle avait répété cette situation des dizaines de fois, se sentait en confiance et capable de vaincre. Finalement, elle l'emporta ce combat avec quelques difficultés car son adversaire fut coriace. Je crois que c'est cet affrontement qui poussa nos deux brigands à devenir criminels.. Le soir, alors que Haiko fêtait sa victoire accompagnée de ses camarades autour d'un verre, le vent se levait soudainement. L’atmosphère paisible ne changeait pas, en revanche, on vit tous un peu trop tard ces plumes qui tombèrent du ciel. J'en regardais une en souriant, intrigué, avant de fermer les yeux et de m'endormir. Je ne me souviens de rien à partir de là. Les juges racontent que les coupables ont reconnu m'avoir fait les pires choses, m'avoir drogué, poussé à aller dans leur sens pour détruire et m'ont appris à me battre dans le but de tuer. Ils voulaient faire de moi une bête de guerre.



Cette expérience avait appris une chose à Haiko. Les gens que l'on voit chaque jour auprès de nous sont les plus dangereux, qu'il ne faut faire confiance à personne. Mais aussi que savoir tuer est inutile puisqu'on se fait toujours attraper et juger au final. Non, il vaut mieux aider les autres à effectuer cette tâche sanglante, ça c'est un art plus noble. Elle commença alors à se spécialiser dans le ninjutsu médical et ses nuits à travailler pour rattraper le niveau des autres dans ces nouvelles spécialités la rendaient de moins en moins lucide, elle commençait à délirer. Ses capacités de senseur se développaient également pour qu'elle puisse mieux concevoir des plans machiavéliques. Nous retrouvions alors la Haiko d'aujourd'hui, juunin de Kiri.