Toutes les idéologies naissent d'un évènement marquant, un traumatisme encré au plus profond de son être. S'il vous prenait l'idée de connaître l'esprit d'autrui, vous devriez écouter son histoire dans son intégralité. Très souvent en reconstituant les parties de sa vie comme dans un puzzle, vous comprendrez peu à peu ces convictions. Ces paroles ne sont là que pour expliquer une seule chose concernant l'esprit de la jeune demoiselle présent devant vous, ici-même. Même en décrivant parfaitement sa façon de regarder le monde autour d'elle, sa philosophie de vie et ces ambitions. Tout ça n'égalera pas la narration de son existence, une route sinueuse et semée d'embuche qu'elle n'aura pas traversée sans conséquences mentales.


Je vous présente la jeune Ayumi, du haut de ces dix-huit bougies dans le magnifique village de la feuille, Konoha. Lorsqu'on l'aperçoit pour la première fois comme vous en ce moment, l'on peut s'imaginer bien des choses et surtout se faire un a priori de sa façon d'être. Il est bien connu que les premiers regards laissent souvent place à une imagination débordante. Toujours à vouloir coller une étiquette, en fonction de sa manière de parler, de sa façon de se vêtir ou même à sa manière de vivre. Nous vivons dans un monde injuste et c'est souvent la première épreuve qui nous saute à la gorge. Ayumi aura connu ça depuis toute jeune et à présent elle n'accorde pas beaucoup d'importance aux regards des autres. Tout d'abord, dévisager du regard à cause des faits de sa génitrice et aujourd'hui pour des raisons encore plus substantielles. Un joli minois, trahissant tous ces sentiments sur le moment même. Impossible pour cette jeune femme de camoufler sa réaction face à la douleur, le bonheur, la tristesse. Un physique attirant tous les regards, désireux par les hommes et souvent haineux par les femmes. Tout ceci sans même avoir dit un mot, bien sûr. Comment être quelqu'un dans une communauté lorsqu'on se ressent rejeter avant même d'avoir dit quoi que ce soit. Cette enfant, car oui ce n'est encore qu'une gosse qui cherche sa place... Elle ne comprend pas vraiment sa place dans ce village, se demandant même assez souvent si elle devait rester ici ou non.


Elle se trouve toute proche de choisir la voie qu'elle devra suivre dans ce monde, celle de l'amour ou de la haine. Pour le moment il n'y a pas beaucoup de rose dans sa vie, pourtant ce n'est pas faute de bonne volonté et de gentillesse. Non, ce qui lui manque c'est quelqu'un de confiance dans sa vie, un confident, une personne qui s'intéressera à elle pour autre chose que son physique. Jusqu'à présent, elle n'est reconnue pour une seule chose par ses camarades et même par le reste du village. Le nombre de conquête masculine durant ces deux dernières années, cherchant par tous les moyens de l'attention et ne tombant que sur des jeunes en proie à leurs hormones. Tristement célèbre pour ces frasques sexuelles et cela n'a pour effet que d'accentuer son mépris pour elle-même. Je dirais même qu'elle est en pleine auto-destruction et qu'à force d'accumuler les désillusions et les coups d'un soir, elle finira par prendre le mauvais chemin. Un gâchis, simplement. Lorsqu'on regarde une aussi belle fleur éclore, on lui souhaite une vie agréable et parfumée de bonheur. Pourtant, elle avait vraiment tout pour elle. Une fille souriante et joviale, belle et gentille.


Un seul point positif à soulever, celui de son investissement dans ces missions pour le village. Un contraste avec le fait qu'elle s'imagine partir à terme, mais cela ne concerne pas vraiment le village en lui-même. Puisqu'elle aimerait vraiment rester et être comme dans une famille, considérer Konoha comme sa maison. Chose impossible lorsqu'on ne connaît réellement personne, qu'on ne compte pour personne. Aucun ami fidèle et aucune véritable attache. Tout ce vide elle le comble en enchaînant les missions pour occuper son esprit tourmenter, en profitant pour découvrir le monde en dehors du village, autant que sa mission lui permette. Avec les années, son endurance est devenue une de ces très grandes qualités. J'imagine que l'accumulation des missions et sa passion pour la course à pied ont joué là-dessus, en même temps que sur la sculpture de sa plastique. Pas vraiment étonnant pour quelqu'un d'aussi isolé, apprécier de partir tous les jours courir quelque heure, en tête à tête avec elle-même.

◘ Avant de pouvoir vous narrer ma propre histoire je suis obligée de vous raconter celle de mes parents. Un bonheur et un amour sans failles, éphémère et délicieux qu'ils auront dégustés aussi longtemps que possible. Ma mère était l'un des plus beaux partis du village dans sa jeunesse et elle eut la chance de rencontrer très tôt l'amour de sa vie, mon père. Ensemble ils formaient le parfait petit couple, mignon et sincère. Le genre de couple qu'on envie secrètement lorsqu'on les croise dans la rue, je suis sûre que vous aussi vous avez déjà ressenti ça. N'est-ce pas ? Ils étaient heureux ensemble et rien ne semblait pouvoir les séparer, faisant de ma mère la plus heureuse des femmes. Souriante et le coeur sur la main, elle n'attendit pas que son homme demande quoi que ce soit. Elle prit d'elle-même la décision de tirer un trait sur ces rêves d'enfants, sur ses propres désirs. Dorénavant, elle ne souhaitait plus qu'une seule chose, être proche de son âme soeur jusqu'à la fin. Dans leur cas, les voeux "jusqu'à que la mort nous sépare" prenaient tout leur sens.C'est ainsi qu'étaient mes parents et que j'ai été conçue, d'un amour pur et insoluble. J'étais destinée à devenir une enfant chouchoutée et choyer par des parents aimants, avec le temps peut-être même une fille à papa incapable de se débrouiller d'elle-même. Seulement, si ma vie m'aura appris une chose c'est que le bonheur ne reste jamais bien longtemps au même endroit et qu'il y a toujours des conséquences après y avoir goûté. Tandis que ma mère était proche d'arriver à terme de sa grossesse et que je m'apprêtais à me dévoiler à ce monde. Une des pires choses au monde se profila à l'horizon, la guerre. Mon père plein de volonté et fier de pouvoir défendre ces deux petites femmes, partait avec l'armée de Konoha afin de contrer les plans maléfiques d'un célèbre renégat, Uchiha Madara. Leur combat était long et les pertes grandissaient à chaque nouvelle heure d'affrontements, certains corps n'étaient même pas retrouvés et on enterrait des tombes vident dans nos cimetières.

◘ La victoire. Voilà ce qu'on pourra tous retenir de cette Grande guerre ninja. Cependant, pour ma famille cette victoire aura  des goûts de défaite. Plusieurs jours après la fin des hostilités, quelques jours après ma naissance, la nouvelle qui allait tout changer tomba dans les oreilles de ma mère. Depuis ce jour, quelque chose se brisa chez elle et elle changea du tout au tout, même si c'était dans un premier temps à peine perceptible. Je crois qu'après ça, elle revoyait celui qu'elle aimait de tout son être en me revoyant et pour ceci elle devait me détester. Imaginez-vous, revoir sans cesse l'homme que vous aimiez sans pouvoir le prendre dans vos bras, sans pouvoir lui dire ces tendres mots "je t'aime". Comme certains pourraient le dire, "au mauvais moment, au mauvais endroit". Ma vie entière se résumait à cette citation et j'imagine que ma mère aurait préféré ne jamais m'avoir sorti de son ventre...

◘ Quelques années plus tard, nous vivions toujours dans le village de la feuille. Encore très jeune je ne comprenais pas forcément tout ce qui se passait dans ma vie, mais je voyais ma mère ce consumer toujours un peu plus. Honnêtement, je ne la voyait plus beaucoup, préférant boire pour oublier et passer d'hommes en hommes. quant à moi, c'est mon oncle qui s'occupait tout le temps de moi. Le frère de mon père, en gros. Qui assistait à la descente en enfer de l'épouse de son frère, sans rien pouvoir faire. Elle n'écoutait plus personne et ne semblait même pas intéresser par connaître sa propre fille, moi. C'est à cette époque que mon oncle m'apprenait les prémices des entraînements pour être shinobi, il voulait que je suive les traces de mon père, mort au combat pour protéger notre liberté.

◘ C'est à mes dix ans que je faisais mon entrée à l'académie du village pour devenir un ninja du village de Konoha. Les contacts avec les autres étaient impossibles, prendre l'initiative pour démarrer une discussion par exemple. Je restais dans mon coin et cela ne semblait pas enrayer l'horloge de la vie. Tout suivait son cours quoi qu'il arrive, je n'existais pas vraiment aux yeux des autres et je me renfermais de plus en plus sur moi-même. Certainement, l'année la plus dure à surmonter de toute ma jeune vie. C'est ce moment-là que ma mère choisie pour m'abandonner, moi sa propre fille, la chaire de sa chair. Celle-ci après des années de dépravation, offrant son corps à des inconnus et buvant à chaque instant de la journée pour ne plus rien ressentir. Finalement, elle n'avait pas réussi à noyer son chagrin même dix ans après. Découverte pendue dans notre maison en centre-ville par mon oncle, qui venait prendre des nouvelles de la jeune femme. Indésirable et rejeter par les autres, je n'étais maintenant plus que destiné à une vie de solitude et de pleure. Le soutien de mon oncle était certainement la seule chose positive que j'avais reçue durant mon enfance, mais est-ce que cela suffirait pour m'épanouir dans la vie ? J'en doutais déjà étant jeune.

◘ Les années s'écoulaient avec une vitesse folle, aussi rapide que ma descente vers les abysses. Suivant certainement les traces de ma mère, même si je ne gardais aucune image vraiment symbolique d'elle. Je me demande même si elle m'avait déjà pris dans ces bras pour me réconforter lorsque j'étais en pleure, ou simplement préparer un goûter à la sueur de son amour. Non, je crois qu'elle ne m'aimait tout simplement pas. Le destin continue sa route, la dépravation de ma mère se propageait sur moi. Après tout, tout le village me regardait déjà comme "la fille de...". Les hommes me voyaient comme la jeune fille qui les avait vus à moitié nue dans mon salon, fringue à la main, lorsque ma mère était encore vivante. Tandis que les femmes du village, me voyaient comme la fille de celle qui tourmentait l'esprit tellement sain de leurs maris infidèles. Les jeunes de mon âge n'étaient pas beaucoup plus intelligents. Aucune amie avec qui partager mes peines, mes amours. Concernant les mecs, je ne connaissais pas d'autres façons de plaire aux hommes que de céder à leurs avances, devenant la digne héritière de la réputation de ma mère. Au plus grand regret de mon oncle qui s'entêtait à me faire des serments sur mon attitude et sur ma façon de m'habiller.

Ayumi - Telle mère, telle fille, mon oncle. Que veux-tu ?!


◘ Concernant ma carrière de kunoichi, j'avais continué à m'accrocher dans mon coin. Grâce à certains adultes du village, j'avais découvert certaines capacités pour le combat, notamment celui au corps-à-corps en maniant deux petites dagues. Mon diplôme de Génin a l'âge de onze ans, n'étant pas particulièrement doué pour le ninjutsu par rapport au reste des jeunes du village. Mon diplôme Chuunin était encore plus difficile, malgré mon entraînement acharné pour augmenter mon contrôle du chakra et ainsi mon niveau en ninjutsu. Tout le temps en train de m'entraîner quelque part, oubliant à quel point j'étais seule et triste. Après une première tentative soldée par un échec, j'obtenais mon diplôme à mes quatorze ans. Aujourd'hui, je continue sans cesse à accumuler les missions, les conquêtes masculines et les regrets. Il existe encore tout au fond de mon cœur, une petite fille naïve qui rêve d'une vie remplie d'amis aimant et protecteur. Peut-être que comme le célèbre Uchiha Sasuke je devais quitter le village, pour voir le village me courir après et me faire revenir à tout prix. Mais, pour cela il faudrait déjà qu'il y ait des personnes qui s'inquiètent pour moi. Non, si je quittais le village moi, ils se contenteraient d'envoyer des traqueurs pour me mettre en prison. Quoique, faut-il encore qu'on remarque mon absence...