Le deuil, c’est une étape dans la vie des Hommes dont on ne peut se détourner, car la mort est toujours là, si proche de nous qu’elle nous effleure sans cesse, nous rappelant parfois à elle sans crier garde, ne nous permettant pas de nous y préparer ou de nous y soustraire. Elle nous fauche simplement et nous arrache aux êtres qui nous sont chers. Ne plus voir ceux que nous aimons, ressentir la perte d’un individu qui s’était si longtemps tenu à nos côtés… C’est sûrement ce qui provoque en nous cette sensation
indescriptiblement douloureuse de vide intense. L’amour, c’est l’appellation qui fut donnée à cet attachement qui nous lie si étroitement aux autres. Il est facilement reconnaissable et décrit comme étant la plus belle des choses,  Néanmoins cela reste aussi un sentiment qui peut apporter avec lui son lot de souffrances et de regrets. Nombreuses furent les âmes meurtries par la flèche de cupidon. Lacérée par sa pointe virulente. On dit souvent que l’amour, le véritable, on ne le trouve qu’une fois au cours de son existence tout entière. Qu’il est si précieux qu’une fois perdu il n’y a plus que désolation et une vie éternelle de solitude. Erin avait découvert ce qu’était l’amour, mais l’avait perdu bien trop tôt pour en savourer pleinement la saveur et elle avait dû surmonter son affliction pour aller de l’avant.

« Ne t’inquiète pas, je reviendrais bientôt, sois sage en mon absence ma princesse ».

Les lèvres chaudes et familières d’un Shinobi s’apposèrent sur le front d’une fillette qui lui offrait une expression fermée et boudeuse. Alors qu’il s’en allait. La demoiselle à la chevelure bleue le regardait disparaître en se remémorant l’événement de la veille, quand son frère aîné lui avait annoncé devoir partir loin d’elle afin de remplir ses devoirs envers le village. Trop jeune encore fut la prénommée Erin pour assimiler cette réalité bien trop rude qui poussait le Shinobi à s’éloigner. Celle-ci n’était âgée que de six ans à l’époque. Son frère Nozumi devait la quitter et ce fut bien la seule chose qu’elle retint.  Assurément, La petite demoiselle idolâtrait tout bonnement son aîné et l’idée d’être séparée de lui déclenchait en elle une humeur sombre. Nozumi avait cherché à la réconforter, la rassurer en lui garantissant qu’il serait à nouveau après d’elle. Néanmoins, rien n’y avait fait. Erin était en colère, une colère dont le Kazekage était aussi la cible. Certainement légitime, car il lui arrachait la personne qui comptait le plus à ses yeux. Son grand frère, son modèle et celui qui lui apprenait à faire les quatre cents coups, qui la rassurait les soirs de tempête en lui promettant d’être toujours à ses côtés. Son héros lui était enlevé sans qu’elle ne puisse rien y faire. Il lui était impossible de le retenir avec sa poigne frêle. Alors  Erin se cramponna à sa promesse, souhaitant plus que tout ce retour imminent. Malheureusement, tout ne se déroula pas comme prévu. La guerre prit fin, mais tous les combattants ne rentrèrent pas chez eux. Illustre fut ces Shinobis morts aux combats pour préserver la paix et déjouer le projet Œil de Lune d'Obito Uchiwa. Ce fut le cas de Nozumi Shirabuki qui périt en protégeant un compagnon d’armes. Un geste de bravoure qui resta gravé dans les mémoires, mais qui le poussa aussi pour la première et ultime fois à rompre une promesse. Nozumi n’était plus, Erin venait de perdre le premier amour de sa vie.
Le temps s’écoula avec une langueur proche de l’extrême. Erin grandissait doucement et entrait dans sa neuvième année. Marquée par la perte de son unique frère, elle n’en restait pas moins une jeune fille douce et souriante. Bien que l’acceptation et le deuil furent ardus, le souvenir de Nozumi ne la désertait pas pour autant et habitait son âme constamment. La nourrissant de souvenirs délicieux. Elle avait su dompter sa peine et parvenir enfin à se souvenir du ninja médecin en occultant son supplice passé suite à sa disparition, elle s’était aussi détachée de cette culpabilité qui la ramenait sans cesse à son comportement capricieux face à son frère durant leur denier échange. Le chagrin s’était finalement estompé et Erin voulait lui faire honneur en devenant une personne aussi formidable que lui.

Ainsi, elle s’inscrivit à l’académie ninja, comme toute aspirante digne de ce nom. Evidemment, convaincre ses parents de l’autoriser à poursuivre un tel projet ne fut pas une mince affaire. Pour le monde Shinobi, un de leurs enfants avait été sacrifié. Concevoir qu’il puisse en arriver de même à Erin était pour eux abominable. Pourtant, sa détermination à ne pas faiblir devant leurs refus catégoriques et ses nombreuses réitérations concernant sa volonté de s’engager sur cette voie finit par avoir raison de leurs réticences. Ils réalisèrent finalement que la lueur tenace dans les yeux de leur progéniture ne disparaîtrait pas et qu’elle s’accentuait plus qu'autre chose . Devenir une Sunaijin était devenu sa plus grande ambition et Erin parvint à son objectif. Il s’avéra rapidement que la Shirabuki fut une enfant d’une intelligence supérieure à la moyenne. En effet, elle excella dans sa scolarité et devint sans mal une prodigieuse Genin puis  Chuunin . Erin vivait un rêve éveillé, les choses lui paraissaient si simples, aucun obstacle ne se dressait sur sa route, preuve de son talent indéniable. Elle était l'une des meilleurs élèves de sa promotion et de son équipe. De plus, elle maitrisa rapidement et efficacement la formation des signes et son affinité avec le Doton lui permit de déclencher un Kekkai Genkai qu’elle intitula le Shoton Azur. Il était évident qu’elle surpassait de loin ses deux autres coéquipiers masculins Kei et Okito. Pourtant, Erin ne s’en vantait pas, ce n’était pas dans ses habitudes de fanfaronner. Elle était assez humble, résultat d’une bonne éducation sans doute. Enfin, là n’était pas la question. Forcé, fut de constater qu'une cohésion parfaite s’’était établie entre les trois comparses.

Aussi, Erin était heureuse, Chuunin durant  plus de deux ans elle n’oublia pas son leitmotiv premier, ne le quittant pas des yeux. Oui, elle se faisait un devoir de marcher sur les pas de son regretté frère en devenant un ninja médical aussi respecté que lui. Pour autant, la Sunajin ne cherchait pas à se faire la rivale d’un mort. Non, seulement poursuivre ce que Nozumi avait entrepris, à pouvoir préserver autant de vies qu’elle le pouvait. Faire preuve d’autant d’altruisme lui ressemblait plutôt bien finalement. Erin commença donc une formation au sein de l’hôpital du village Chaque jour, Erin s’y rendait, elle due donc ralentir son quota de mission. Néanmoins,  cela ne la dissuada pas de passer son examen pour accéder au grade de Juunin parallèlement. Trop confiante et distraite, elle négligea de s’entraîner quotidiennement et cela la pénalisa. Pour la première fois de sa vie Erin se trouva confrontée à des adversaires qui la surpassaient et de très loin. Elle n’avait jamais connu l’échec jusqu'alors et cela fut extrêmement démoralisant. Erin commença à se remettre en question. Avait-elle atteint ses limites ? Devait-elle renoncer ? Elle qui se montrait d’ordinaire si têtue était prête à tout envoyer balader.
Heureusement, elle put compter sur le soutien de ses camarades Kei et Okito qui l’aidèrent à reprendre confiance en elle. L’année suivante, Erin décrocha la glorification tant attendue. (Elle avait vingt-deux ans.) Les bonnes nouvelles ne s’arrêtèrent pas là, car Temari, la sœur  aînée du Kazekage accepta sa requête qui  fut de l’entrainer quand elle se trouvait à Suna. Apprendre d’un ninja aussi talentueux fut exaltant. D’ailleurs, Erin développa son Shotton et parvient à le rendre aussi résistant que le diamant. Elle se sentait véritablement méritante… Elle prenait du galon au fil de ses missions et rendait fiers d’elle ses parents en ne perdant pas de vue ses priorités qui n’étaient autres que sa famille et ses amis.

Erin Shirabuki resplendissait, car elle s’épanouissait dans ce qu’elle entreprenait. Elle évoluait avec le souvenir de Nozumi et la touchante image de son grand frère qui lui assurait qu’il veillait  sur elle, pour toujours et à jamais.