Event de Noël

“Une chose facile à avoir en décembre, c’est du sang-froid.”

Je  me tenais prête, à l’aurore où un vent  fraîchement venu des contrées nordiques  venait refroidir l’épiderme de ceux qui saluaient déjà le matin. Vêtue d’un accoutrement plus traditionnel, moins remarquable et plus terne que ma fidèle blouse scientifique, je me sentais étrangère à cet environnement que je redécouvrais après quelques années durant lesquelles j'y étais allée en mission. Konohagakure était désormais semblable à Iwagakure, arborant la même stature enneigée, le même voile de brouillard oppressant et épais qui empêchait toute trace de lumière de pénétrer. Le soleil n’était plus qu’un vieil ami depuis des mois et personne n’avait su trouver le moyen de le revoir. Le froid me tiraillait et je craignais que la chute de la température hivernale puisse amener à l’apparition d’engelures chez les individus les moins munis. Depuis ce qui me semblait être une éternité, jamais la neige n’avait été aussi tenace et massive dans tout le pays de la Terre. Cela m’avait bien souvent donnée une raison supplémentaire pour passer ma journée à travailler dans les laboratoires souterrains du village. Tout en bas, le chauffage nous permettait d’oublier le décor sinistre et morne qui déteignait sur le moral des villageois.
J’avais longtemps cessé de me demander quand le printemps daignerait-il à ouvrir les premiers bourgeons de nos arbres, quand les petits insectes feraient leur apparition sur le rebord de nos fenêtres, et quand pourrions-nous contempler avec sourire les fins nuages blancs qui avaient laissé place à un ciel grisâtre et d’humeur massacrante. Ce spectacle de désolation avait également affecté les autres villages et cet événement presque apocalyptique avait engendré bien des situations fâcheuses. Entre conflits, trahisons et suspicions, la tension qui régnait entre les Shinobis de l’Alliance laissait penser qu’à tout moment, l’hostilité pouvait prendre le dessus sur cette prétendue amitié domptée depuis vingt ans. La remise en cause des dirigeants par les citoyens ne m’étonnait plus vraiment et de toute manière, c’était le rôle des Kage que de prendre leur responsabilité. Mais ce que je n’appréciais pas vraiment, c’était la parole critique de ceux qui préféraient laisser les choses se faire tout en continuant de se plaindre. Ces imbéciles dotés de la plus grande hypocrisie ne pouvait qu’accueillir ma plus sincère indifférence tant je ne leur accordais plus d’importance. Ils étaient, après tout, de ceux qui me dévisageaient toujours moi et mon père.

Toutefois, force est de constater que ces derniers temps constituait la période où j’entendais le moins de mauvaises langues expulser leur venin sur la  prétendue folie de mon paternel. Ces petits bonhommes aux bonnets colorés dégageaient suffisamment de mystère pour être au cœur des conversations. Personne n’avait réussi à les attraper ou à les interroger et je m’étonnais même de l’incompétence des Ninjas les plus gradés à ce sujet. Pour ma part, je trouvais intéressante l’idée de les examiner et d’en faire des sujets d’expérience. S’ils étaient liés à ce dérèglement climatique, il serait tout à fait pertinent de dégoter tous leurs secrets. Je n’étais pas pour l’idée de laisser ces créatures à des mains maladroites et ce fut la raison pour laquelle je n’avais pas décliné l’ordre de mission que m’avait confiée Kurotsuchi.

Courage et détermination avaient été nos plus grandes valeurs durant ce long et périlleux périple. Jamais les bandits n’avaient été aussi fréquents au cours de notre chemin. L’hiver n’arrangeait pas non plus leurs petites affaires, donc ils se devaient de frapper plus fort pour pouvoir survivre. Malheureusement, nous avions dû mettre fin à leurs activités afin de ne plus être dérangés pour le restant du voyage.  Le climat insoutenable m’avait rendue plus froide, plus acariâtre qu’à l’accoutumée et mes camarades me reprochaient souvent mon silence tandis qu’ils débitaient des absurdités tout au long de la journée. Cela leur permettait d’oublier la douleur du froid et d’avancer avec enthousiasme. Je n’avais pas eu besoin de cela pour tenir, seule la résolution de cette enquête aux allures inextricables me poussaient à marcher jusqu’à notre destination.
La nuit que j’avais passée à Konoha après bien des jours de difficulté m’avait permis de me requinquer. J’avais pris connaissance de la structure de ce village caché et j’avais dû me montrer un peu plus sociable envers ses villageois. Kurotsuchi m’avait, au préalable, conseillée de sortir de mon cocon pour tisser des liens avec ces habitants au cœur de feu. J’avais dû mettre de côté mes nerfs tendus à cause de cet hiver sans fin et me montrer un poil plus accessible. Cela dit, je n’avais jamais garanti à cent pour cent à la Tsuchikage le respect de cette recommandation.  Pour l’heure, j’attendais mon équipe au lieu du rendez-vous, où notre chef ferait le point sur la situation. Habituellement ponctuelle, je faisais partie des premières personnes présentes et j’espérais ne pas subir trop longtemps le retard des plus désinvoltes.

© groggy soul

Event de Noël

“Une chose facile à avoir en décembre, c’est du sang-froid.”

La beauté de cette étendue de pureté pouvait certes en couper le souffle de plus d'un spectateur, mais derrière cet esthétisme, je n'y voyais plus qu'une laideur froide et fade. J'avais fini par me lasser de ce climat durable et agressif, alors je préférais me hâter du retour de la végétation. Ces couches épaisses à l'apparence inébranlable semblaient nous guetter, en traînant sempiternellement sur les toitures des habitations, sur les murets et les arbres déchus de leurs feuilles. Au loin, j'apercevais quelques villageois qui tentaient d'extirper la neige de leur chemin afin de  faciliter le trafic et ils exprimaient tous la même chose : un agacement mêlant désespoir et irritation. Ma peau frémissait, tremblait de cette température sans mansuétude qui frappait même au travers de mes vêtements chauds et hautement fourrés. J'avais pris quelques dispositions en emportant avec moi un peu plus de médicaments qu'à l'ordinaire : les états grippaux ne feraient ainsi pas long feu à mes côtés.
Un son finit par m'alerter à trois heures de ma position, quelques minutes après mon arrivée. Mon ouïe parfaite avait toujours été capable de bien des prodiges et repérer des pas qui se dirigeaient précisément vers moi relevait d'un pur jeu d'enfant. En parlant d'enfant, j'eus rapidement fait le constat que l'un de mes coéquipiers s'avérait être un jeune Genin de Konoha. Je n'avais strictement rien contre les jeunes, puisque je savais que chaque nouvelle génération nourrissait de grands potentiels. J'avais même inconsciemment plus confiance en eux plutôt qu'aux adultes ; la vie m'avait appris que la candeur se perdait au fil du temps pour laisser place à la pire des fourberies dans le coeur des Hommes. Je m'étais promise de ne jamais sombrer dans mes propres ténèbres, mais encore fallait-il que je sois certaine de les avoir bien identifiés. De la même manière, j'accordais plus de crédit à une femme qu'à un homme car celles-ci prenaient bien souvent plus de recul et dégageaient moins de vices. Évidemment, les exceptions existaient toujours…

Ce Genin répondant au nom de Nara Shikadai n'attendit pas plus longtemps pour m'avouer qu'il avait été envoyé dans la même mission que moi. Plutôt malin comme garçon. Il avait tout de suite deviné que je n'étais pas venue faire du tourisme. Cependant, derrière ces quelques mots échangés, il dégageait une aura d'intelligence qui me plaisait et que l'on ne retrouvait pas chez n'importe qui. De plus, il n'était pas du genre à se perdre dans des formalités de paroles tout à fait inutiles : je prenais le tutoiement avec plaisir, ce qui me poussait à croire que l'on s'entendrait bien. Enfin, le fait de bien s'entendre n'avait pour moi pas la même définition que pour un individu lambda. Je ne parlais pas de devenir des amis - j'en avais toujours eu très peu - mais simplement de pouvoir collaborer avec cohésion et efficacité, labourant avec  les mêmes mécanismes de coordination. Cela signifiait déjà beaucoup.

«  Enchantée, Shikadai. Moi, c'est Amatera Shizue, je viens d'Iwa où je suis Juunin et ninja médecin. Je te le fais pas dire : ça ne m'enchante pas de continuer de geler ici. Normalement, notre chef ne devrait pas tarder à nous livrer les prochaines directives  » dis-je avec sérieux et douceur à la fois.

Ce descendant des Nara me détendait, étrangement. Ce que je ne comprenais ou ne m'avouais pas, c'était le fait que j'avais toujours été une enfant dans ma tête. Je refusais de le croire et c'était pourtant l'élément qui me rapprochait des mômes. Je tapissais ces traits derrière le professionnalisme dont j'étais capable et je n'avais jamais pensé que quiconque puisse un jour me cerner. Il fallait déjà que je sache le  faire de mon propre chef.
Trêve de banalité, une autre silhouette venait de faire son apparition, moins sûre et moins ordonnée. Le bruit de ses pas me confirma la suite du scénario : un adolescent aux airs naïfs ôta son bandeau avant de nous adresser la parole. Il disait être en mission mais il n'avait pas pris la peine de demander où se situait le lieu du rendez-vous. Sa désinvolture m'agaçait un peu, moi qui appréciais que les choses sérieuses se construisent de manière claire et non pas brouillonne. Cela dit, je n'étais pas spécialement du genre à juger un inconnu, mais je me permettais simplement de constater comme une scientifique.

Au moment où je comptais accéder à sa requête, une autre voix plus forte et féminine alla à l'encontre de mon intention. Sa réplique fut cinglante et cela ne m'étonnait pas venant d'une Kunoïchi de Kumo. Dans ce village, la violence avait toujours prôné sur la diplomatie. A l'approche de cette femme, un léger goût d'amertume me submergea promptement. Mes souvenirs d'enfance remontèrent à la surface, avant de replonger dans les fins fonds de mon esprit.  Néanmoins, je ne pouvais qu'être d'accord avec ses propos vis-à-vis du Konohajin empoté. Ce n'était sûrement pas la meilleure des manières de conseiller une personne, mais je n'en pensais pas moins. Le tact faisait rarement partie de mon cercle restreint d'amis. C'était ce qui me valait une réputation de jeune femme froide et hautaine, mais je préférais bien plus cette image que celle de la mielleuse hypocrisie.
Malheureusement pour cette fille qui devait avoir un peu près mon âge, ses paroles n'avaient pas échappé à la perception fine de Byakko Ayase, le bras-droit de Kurotsuchi. J'avais confiance en elle en tant que chef d'équipe et je n'avais, pour une fois, pas été déçue du choix de la personne qui prendrait les rennes de l'affaire. La Tsuchikage connaissait depuis toujours mon petit manque de discipline envers la hiérarchie des Shinobis. Quand une personne possédait des lacunes en terme de leadership, l'occasion de le faire savoir ne me manquait strictement pas.

Je saluai calmement l'arrivée d'Ayase qui se présenta au restant de notre groupe. Elle insista sur le fait de réussir cette mission en s'appuyant sur l'entraide. Jetant un regard que je qualifierais de noir à la Kunoïchi de Kumo, la femme à l'ombrelle poursuivit son discours. Je constatais, en même temps, qu'elle avait conservé le même style d'accoutrement qui lui était si fidèle. Je me doutais, néanmoins, qu'elle finirait par souffrir du froid, quand bien même sa fierté l'emporterait sur sa raison.
Tout en redressant mes sacoches médicales rattachées à ma tenue, j'entrai dans une profonde réflexion. Plus un son ne se faisait entendre autour de moi, puisque le silence venait de tomber à l'entente de cette énigme. Mon regard océan se posa sur les grandes et modernes infrastructures du village et je cherchais dans un coin de ma connaissance, les différents lieux qui pouvaient s'apparenter à cette devinette. Si celle-ci était liée à l'apparition des bonnets colorés, cela signifiait que quelqu'un souhaitait que l'on s'engage à découvrir quelque chose. En tout cas, c'était bien ce que l'on était en train de faire : jouer leur jeu. J'appréhendais cette idée d'être la marionnette d'une quelconque entité, mais soit, les conséquences pourraient s'avérer bien plus sérieuses si l'on  agissait pas.

« Ayase, j'ai quelques suppositions. Le ciel et la terre... cette appellation me fait penser au pont Tenchi, qui se trouvait auparavant à la frontière de ce pays. Si je me souviens bien de l'histoire que m'ont raconté certains camarades de Konoha, il a été détruit lorsque le Nanadaime Hokage s'y était rendu il y a plus de vingt ans. Si par « Serpent blanc », l'énigme évoque Orochimaru ou son ancien élève Yakushi, je pense que cet endroit peut être pertinent. »

Je ne me souvenais plus exactement des faits précis de cette affaire, mais il me semblait que l'un des deux dompteurs de reptiles avait contribué à la destruction de ce pont. Je n'avais pas d'autres suggestions qui puissent correspondre à l'ensemble du territoire du pays du feu. Qu'en pensaient les autres ? J'étais également disposée à les écouter.

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“Une chose facile à avoir en décembre, c’est du sang-froid.”

Bien rapidement, les avis des autres membres de notre groupe se firent entendre. Enfin, c’était sans compter le silence du jeune naïf dont la Kumojin venait de présenter ses excuses. Sa politesse lui vaudrait sûrement une meilleure réputation auprès de Byakko Ayase.

Comme je m’y attendais de la part d’un descendant du clan des Nara, l’enfant dénommé Shikadai ne tarda pas à aboutir à la même réflexion que moi. Il appuya mes propos, me confortant dans l’idée qu’une partie de la clef de cette grande énigme se trouvait certainement là-bas. Je ne m’attendais pas vraiment à ce que cet hiver interminable ne s'achève simplement lors d’un périple à destination de cet ancien pont, mais j’espérais que l’on puisse recueillir les premiers éléments nécessaires à notre enquête. J’avais l’intuition que sur place, d’autres devinettes aussi farfelues nous attendraient et que l’éventuel individu, qui tirait les ficelles des marionnettes que nous étions, avait élaboré tout un programme nous concernant.

Lorsque Kagura fit remarquer qu’une embuscade constituait une probabilité non négligeable, je fronçai légèrement les sourcils. Certes, il était fortement possible qu’un danger soit tapis là-bas et qu’il nous guette avec de sournoises intentions malsaines. Néanmoins, nous n’avions pas d’autres choix que de poursuivre notre recherche ; dans le cas échéant, cette mission n’avancerait pas de manière efficiente. En me rendant au village caché des feuilles, j’avais estimé que tout le groupe avait pris conscience des nombreux risques que l’on prenait en s’aventurant hors de nos contrées. La meilleure manière de savoir s’il y avait réellement une embuscade était de s’y rendre sans plus attendre. Une stratégie serait à élaborer durant le chemin et comme venait de l’annoncer Ayase, les Kage n’avaient pas constitué leurs équipes sans y avoir préalablement réfléchi. Chaque groupe nourrissaient des forces et des faiblesses mais dans l’ensemble, notre polyvalence devrait nous permettre de nous en sortir. J’ignorais quelles étaient les capacités de mes nouveaux « camarades », cependant je ne doutais pas du fait que nous pourrions construire un travail d’équipe performant et peu faillible. En ce qui me concernait, je comptais respecter mes engagements de médecin et de veiller sur eux. Je me tenais là, à l’affût de la moindre blessure à soigner et au moindre soutien à apporter. Combattre de moi-même ne faisait pas partie de mon style par défaut, mais il était évident que si la situation m’y obligeait, mes atouts propres seraient des armes bien redoutables. Quoi qu’il en soit, j’espérais pouvoir me contenter de la position de médecin, en laissant la cruelle et laide violence à ces quatre autres Shinobis.  Cela n’avait jamais vraiment été ma tasse de thé et je préférais ne pas me souvenir de ces images épouvantables dans lesquelles les cris de détresse et de souffrance de mes opposants semblaient toujours raisonner dans mes oreilles.

Après que notre chef d’équipe se soit chargée de rassurer la Kumojin, les dernières paroles de la femme à l’ombrelle sonna l’alerte qu’il était temps de quitter le village pour s’engouffrer vers nos nouvelles aventures. J’acquiesçai discrètement avant de fouiller en silence l’une de mes sacoches. J’en sortis une carte récente du pays du feu où de nombreuses indications illustraient la géographie de ce territoire. Cette cartographie nous permettrait de nous repérer et d’éviter les zones les plus tortueuses. Mes yeux lurent les divers tracés colorés de la carte et mon cerveau analysa bien rapidement l’itinéraire à prendre.  

« Nous devons prendre la route vers l’Ouest pour y parvenir, en passant un peu plus au Nord du village de Tanzaku. J’ai ici une boussole de dernière génération qui nous aidera à nous repérer. Avec ça, il nous faudra environ deux jours de marche pour traverser les régions qui nous séparent de la frontière du pays du feu. Peut-être faudrait-il profiter de ce long trajet pour faire le point sur nos talents de Shinobis respectifs ? »

Prête à franchir les portes de Konoha pour pénétrer les extérieurs, je me tournai une dernière fois vers mes compagnons pour les jauger de mon regard qui prenait une teinte bleu électrique sous la lumière du jour. J’attendais de nous tous de la volonté et de l’ingéniosité à la fois. Je cachai cette excitation qui montait en moi, préférant ne pas trop me réjouir du déroulement de l’opération. Puis, je suivis les traces de notre chef d’équipe en tentant d’oublier cette myriade de flocons de neige qui s’obstinait à m’assaillir. Je m’étais située en troisième position de la file, considérant qu’il me serait plus simple d’agir rapidement en étant le noyau de la formation. Nous laissâmes ainsi à  Ayase la plus grande des responsabilités.

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Event de Noël

“Une chose facile à avoir en décembre, c’est du sang-froid.”

Ainsi, nous nous engouffrâmes dans le froid polaire de la forêt de Konoha. Au sein de ces arbres danses, nous ressentions bien plus l’effet de la température, puisque les épaisses branches couvertes de neige empêchaient aisément l’entrée de la lumière du jour. En moins d’une minute, la journée semblait s’être éteinte en ne laissant plus que l’obscurité  bercer notre périple. Nous suivîmes Ayase dans le silence, les deux plus jeunes n’ayant pas laissé échapper le moindre mot depuis notre départ.  Ce n’était pas plus mal pour un individu comme moi qui appréciais le calme. Nous devions rester concentrés et être attentifs à notre environnement ; les ennemis pouvaient très bien surgir d’un instant à l’autre. Mon père m’avait appris à maîtriser mon son de telle manière à ce que je puisse détecter tout bruit suspect. Sa devise était la Vigilance Constante et un homme aussi confronté au mal depuis des années avait l’expérience nécessaire pour me dicter ce genre d’ordre.
Par conséquent, je m’arrêtais par moments  pour faire usage de ma perception du Neton, qui me permettait de tout entendre sur un périmètre de quarante mètres. Fort heureusement, il semblait que nous soyons bel et bien seuls sur ce terrain stérile.  Cela nous arrangeait bien ; nous avions déjà le froid à combattre et je devinais pertinemment que tout le monde tentait de passer outre cette difficulté, en se montrant efficace et endurant. Ayase prenait sans doute son rôle très à cœur, puisque même son accoutrement ne la fit pas lâcher une seule lamentation sur son sort. Elle n’en avait pas le choix si elle souhaitait diriger le groupe et donner l’exemple. Je l’observais paisiblement de dos, donnant de la reconnaissance à son courage. Elle s’avérait être l’incarnation parfaite d’un leader né.
De temps à autres, je jetais des petits coups d’œil discrets à la dernière de la formation. Kagura avait repris confiance en elle-même, ce qui était un point positif. Je n’aimais pas l’idée que quelqu’un puisse être un fardeau pour le groupe, donc chacun devait trouver son utilité et agir au bon moment.

Les heures défilèrent, les paysages s’enneigèrent bien plus et un vent barbare nous balayait en permanence. L’avancée devenait de plus en plus insoutenable et il valait mieux attendre la fin de cette tempête pour reprendre le chemin. Nous économisions tous notre énergie, mais au bout d’un moment, notre chef décida qu’il était de faire une pause. Je n’étais pas particulièrement contre, puisqu’en tant que médecin, j’étais la première à prôner le repos pour la santé des Shinobis.  Il était inutile de mener au combat, une équipe d’essoufflés sur le bord de l’asthme.
Je me tenais contre un arbre, profitant de cet arrêt pour souffler un peu et observer le déroulement des choses. Nous avions contourné le village de Tanzaku depuis deux heures, ce qui constituait une admirable avancée vers le pont du Ciel et de la Terre. Désormais, les choses risquaient de se compliquer au fur et à mesure que nous avancerions dans les terres frontalières. Là-bas, la protection de Konoha était bien plus fragile et les dangers plus nombreux. Il fallait que nous nous tenions tous prêts à combattre de concert. Il était donc temps de parler de nos capacités et établir une bonne stratégie. Le bras-droit de la Tsuchikage présenta ses compétences en première,  après avoir refermé son ombrelle  et épousseté son kimono.  Elle nous fit part du fait qu’elle possédait un Kekkei Genkai, ainsi que du Ninjutsu. Plutôt à l’aise à distance, cela ne l’empêchait pas d’être une Kunoïchi robuste et capable de résister à bien des coups. Je souriais doucement. Si elle ne venait pas de nous révéler cette information, nous ne l’aurions probablement pas deviné avant de l’avoir vue en combat. Sa silhouette féminine ne laissait guère penser qu’elle était un « tank », comme elle l’avançait. Elle regorgeait de surprises, chose qui m’intéressait fortement et qui m’intriguait plus que tout. Je demeurais néanmoins assoiffée de connaître l’étendu de ce qu’un second du village était capable de faire et je la soupçonnais de vouloir garder le meilleur morceau sur le champ de bataille même.
Réagissant à son regard qui me donnait la  permission de dévoiler mes talents à mon tour, je me lançai :
« Pour ma part, je suis spécialisée en Iroujutsu, donc je saurai être attentive à votre état de santé. En cas de blessures, vous pourrez compter sur moi. »
Je leur montrai également du doigt mes sacoches qui contenaient du matériel médical de secours.
«  Combattre directement ne fait pas partie de mon rôle en temps normal. Toutefois, en cas de réelle nécessité, je possède de quoi me défendre et attaquer. J’ai un Kekkei Genkai qui est basé sur les fréquences du son, me permettant d’être à l’aise à distance et à mi-distance. Il m’est d’ailleurs plutôt simple d’éviter le corps-à-corps avec cette capacité. A côté de cela, j’ai aussi des invocations pour me soutenir. »

Tout était dit, mon rôle était sans doute clairement établi et je n’avais rien à leur cacher. La sincérité était quelque chose d’important dans une équipe et je préférais qu’ils soient bien informés de ce que j’étais apte de faire.  Dans l’idéal, je préférais utiliser mon Iroujutsu dans le calme plutôt que de devoir faire preuve de grande violence avec mes spécialités. La brutalité, ce n’était pas ce que j’aimais le plus et je préférais amplement déléguer cela aux autres.

© groggy soul