Ayase avait bien grandi depuis toutes ces années. Il est évident que le corps et l'âme changent avec le temps, mais la transformation de la kunoichi était bluffante, à couper le souffle. Il avait fallu du temps à la fougueuse jeune fille avant de se dresser, telle une rose fraîche et impavide, dans cette foule de gens qui voulait la voir tomber. C'était maintenant chose faite. Elle qui à l'époque n'était pas démonstrative de sa féminité et préférais cacher timidement ses formes sous de lourds vêtements, assumait dorénavant ses courbes généreuses, moulées dans un somptueux kimono traditionnel. Kimono fleuri aux couleurs mystiques, Ayase avait tenu à rendre une sorte d'hommage au village qu'elle aimait tant en gardant des couleurs similaires à son ancien vêtement d'Otogakure. La kunoichi avait agrémenté son kimono d'une sublime ombrelle qui confortait son image de Lady en toute situation. Sa chevelure, à l'époque courte et coiffée en bataille avait légèrement poussé, si bien que pour une question de pratique, elle se devait de les attacher en un chignon élégant sans omettre d'en défaire certaines mèches. Ne perdez pas votre temps à caresser du regard l'esquisse de son fin visage, ou encore à espérer croiser son regard, vous vous y perdriez. En effet, le subtil mélange de bleus de son iris rappellerait à un marin l'immensité de la mer, si bien que jamais il ne parviendrait à reposer pied-à-terre.

Célèbre par sa beauté et sa force, Ayase fut l'objet des vœux de mille prétendants, et pour cause, parmi tous ses attraits, celui qui charmait le plus était effectivement son regard, aussi tendre qu'un agneau et pourtant aussi vénéneux et incisif qu'un reptile. La grande taille d'Ayase et son regard pénétrant, hautain paraîtrait-il, donnait à la juunin un air à l'antipode de sa personnalité. Solitaire et pourtant tellement protectrice et attentionnée envers les quelques gens qu'elle aime, elle pouvait se montrer provocatrice et impassive face à ses ennemis. Dans cet état-là, un seul sourire de sa part pouvait être hâtivement interprété comme sadique, cruel.

Ayase était une femme mûre, très intelligente et réfléchie qui aimait les défis intellectuels, se creuser la tête des heures pour assurer la réussite de ses missions, et surtout, elle aimait partager son savoir, apprendre ce qu'elle savait et ce qu'elle avait appris de par son expérience comme elle l'avait fait à Oto. Malheureusement, malgré ce que son image laissait croire, la juunin n'avait pas totalement fait le deuil de son ancien village, de ses élèves auxquels elle s'était énormément attachée et surtout à l'immortel serpent blanc. Elle était devenue une femme téméraire, sûre d'elle, seulement, dès lors qu'elle replongeait dans ses souvenirs, le visage de la juunin se teintait d'un voile d'une toute autre élégance. Triste, appeuré parfois. Elle demeurait encore très nostalgique et fragile face à ses souvenirs, ce qui, elle en était certaine, allait un jour lui faire défaut.

Il c'était passé plus de vingt ans, vingt ans déjà, et la vie d'Ayase avait grandement changé depuis l'époque heureuse où elle vivait à Oto et enseignait à sa petite équipe 1. Le Sekai lui aussi avait connu des bouleversements, des retournements de situation que nul n'imaginait autrefois. La guerre avait éclaté suite à l'apparition de Madara, les cinq forces alliées avaient finalement réussi à l'emporter et tentaient aujourd'hui encore de se reconstruire décemment. Mais il est préférable de remonter un peu plus loin dans le temps pour raconter l'histoire d'Ayase et appréhender au mieux son avenir. Elle avait seize ans à l'époque et menait une vie paisible dans la petite contrée d'Otogakure dirigée par Orochimaru, homme qu'elle appréciait et respectait énormément. À cette période, la kunoichi était juunin et avait constitué sa petite équipe, elle vivait de ses missions à travers le Sekai et semblait épanouie. Ayase perfectionnait son art chaque jour, si bien que ces entrainements acharnés lui permirent de devenir ANBU. Son rêve était devenu réalité et la kunoichi n'aurait rendu son titre pour rien au monde. Du haut de ses dix-sept ans, elle était fière de pouvoir protéger son pays et défendre les couleurs de son village et elle le faisait avec encore plus d'engouement qu'à l'époque grâce à ce titre. Elle se détacha petit à petit de son équipe auprès de laquelle elle s'excusa de ne pouvoir donner plus de temps, mais elle leur avait appris tout ce qu'elle savait et les emmenait avec elle dès qu'elle le pouvait. Eux aussi avait bien grandi et ils faisaient la fierté de leur sensei, malheureusement à ce jour, Ayase n'avait que très peu de nouvelles d'eux, pendant la guerre leurs chemins s'étaient séparés, au plus grand regret de la juunin.

Pendant la grande guerre, elle rejoignit les forces alliées pour leur prêter main-forte, elle c'était battue au front pendant quelques mois puis avait préféré déserter avant que la situation ne sois plus à son avantage. Elle commença une carrière de "mercenaire" l'année de ses vingt ans et se chargeait de liquider les ennemis de ceux qui lui offraient la plus grosse somme d'argent, ce qui lui avait créé une petite réputation dans le Sekai. Elle était connue pour ses meurtres silencieux, chose qu'elle faisait déjà plus jeune. Puis peu à peu elle préféra se retirer de ce milieu, pendant quelques années elle erra dans différents villages du Sekai en cachant son identité de shinobi. Elle voulait mener une vie simple en attendant que la situation s'améliore sur les champs de bataille.

Cinq années étaient maintenant passées depuis sa montée en grade, la kunoichi avait fini par tomber sous le charme d'un des habitants du village dans lequel elle vivait. Lui aussi était un ancien shinobi, du village d'Iwa plus précisément, mais contrairement à Ayase, lui ne souhaitait plus être shinobi, il était fatigué des conflits permanents et voulait consacrer sa vie à sa famille. La kunoichi avait profité des capacités de son cher et tendre pour pofiner ses techniques Doton, elle maitrisait à présent la roche aussi bien qu'un shinobi d'Iwagakure. Après avoir longtemps refusé d'avoir des enfants, la kunoichi finit par céder à l'homme qu'elle aimait et accoucha de son premier enfant à l'âge de vingt-deux ans. Ayase éleva son enfant du mieux qu'elle le pouvait tout en reprenant ses activités de tueuse à gage afin d'avoir des revenus suffisants. Puis vint un jour où la furieuse envie de rejoindre un village et d'avoir une place stable dans celui-ci lui prit.

Akame sa fille, n'avait à l'époque que huit ans et n'avait montré aucun signe de résistance ou de désaccord lorsque Ayase lui annonça qu'elle voulait partir. Son amant en revanche eut une réaction qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. Conscient qu'elle voulait, en partant pou Iwagakure en l'occurence, reprendre sa carrière de kunoichi refusa en bloc tous les arguments qu'elle lui proposa. Pour lui, sa carrière de shinobi était terminée et il ne voulait pas qu'Akame se retrouve un jour dans quelque académie ninja que ce soit. La kunoichi dut prendre une décision bien que pour elle le choix était déjà fait. Sa fille commençait déjà à montrer quelques aptitudes pour le ninjutsu et cela avait l'air de beaucoup lui plaire. De plus, elle était promise à avenir de kunoichi radieux en vue des capacités de ses deux parents. Plusieurs fois la petite avait montré son engouement et sa joie lorsqu'elle avait vu sa mère s'entrainer en cachette. Quelle fut la surprise et le cataclysme emotionel d'Ayase quand un soir elle rentra et ne vit personne, aucune trace de vie mise à part une lettre posée sur la table.

" Ayase, j'ai pris la décision de partir avec Akame, je ne pouvais supporter l'idée qu'un jour tu l'emportes avec toi et qu'elle risque sa vie dans le contexte actuel. Le monde des shinobis est rude tu le sais et je ne pourrais réussir à vivre si l'on l'annonçait un jour ma fille décédée. Je prendrais soin d'elle, fais bien attention à toi toi aussi.

Mahiro. "

À ce moment-là la kunoichi aurait pu envoyer valser chaque meuble de leur maison, attraper à la gorge quiconque serait venue lui parler. Mais rien. Ayase resta statique, immobile. Elle fit simplement un sac, prit tout ce dont elle avait besoin ainsi que tout l'or qu'elle avait amassé grâce à son "travail", puis elle prit la porte. Durant une année entière elle sillona le Sekai en long en large et en travers dans l'espoir de retrouver sa fille qu'on lui avait si injustement arrachée. La fatigue finit par l'emporter sur la rage, du haut de ses trente et un ans la juunin baissa finalement les bras. Non pas qu'elle eut abandonné sa fille bien au contraire, mais c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Alors elle rejoignit finalement le village d'Iwa, terre natale du père de son enfant et seule contrée où elle fut acceptée.

Il c'était passé six ans depuis son arrivée au village de Iwgakure, ce villageavait finit par totalement l'accepter pour le plus grand bonheur d'Ayase qui avait maintenant trente-sept ans. Elle servait le village comme elle l'avait fait à Oto, de tout son coeur. Cependant aucun jour ne passait sans qu'elle ne pense à Akame sa fille, ou à son ancienne vie à Otagakure. Elle vivait avec l'espoir illusoire qu'un jour, sa fille vienne la retrouver ici, où elle était si bien et son absence était une blessure dont elle avait défendu à quiconque de guérir la cicatrice.